top of page

Pollam !

 

Ces photographies ont été réalisées lors de mon premier voyage en Inde et également premier voyage dans un pays du Sud.

 

Si les prétextes de ce voyage étaient très clairs, et dirons-nous, humanitaires, les raisons profondes ont été et restent pour moi plus difficiles à cerner. Ces quelques clichés apportent peut être un début d'explication.

 

Un appareil photo peut être utilisé de mille façons, pour mille objectifs différents. J'ai utilisé le mien pour regarder l'Etre humain tel qu'il est et vous le montrer tel que je le vois.

 

La pratique de la photographie se marie assez bien avec la rencontre de l'Autre. Elles nécessitent toutes deux de prendre du recul, d'observer, d'écouter, d'être attentif et le tout sans juger, sans préjugé.

 

En août 2000, dans le Tamil Nadu, j'ai passé les trois quarts de mon séjour comme inhibé, probablement plus par mes propres appréhensions que par ce que je voyais réellement. Il a fallu une rencontre avec des gens tout simplement humains pour que le nœud disparaisse.

 

Des hommes, des femmes, des enfants considérés comme des parias par leur société, m'ont ouvert leur quotidien. Ils m'ont parlé sincèrement, m'ont accueillis naturellement, sans barrière, comme un proche et non comme un touriste blanc.

Alors à mon tour, petit à petit, les appréhensions ont disparu, les idées reçues se sont effacées. Je les ai écoutés parler de leurs problèmes, de leur vie d'exclu mais aussi et surtout de leurs joies et de leurs espoirs. Je les ai regardés au quotidien et j'ai vu toutes ces petites choses de rien, des sourires, des moqueries, des petites filles qui jouent à la dînette avec de la terre, des chamailleries avec les garçons de leur âge, des mères qui les grondent…

 

Toutes ces choses de rien, je les ai aussi vécues chez moi, nous les avons tous vécues. C'est alors que j'ai pris conscience de ce que je croyais savoir depuis longtemps : les Hommes sont tous très proches. Les choses essentielles de la vie sont communes à tous. Le reste, ce n'est que le décor qui change. Les langages sont différents mais ils portent le même message. Les cultures sont les expressions d'une même humanité : elles se complètent, elles ne s'opposent pas.

 

A une période où certains fous du Nord et du Sud essayent d'opposer les civilisations, de diviser les Hommes en prêchant les civilisations du bien contre celles du mal, il est vital de comprendre et de respecter ces valeurs partagées par tous. Pour peu que l'on ose s'ouvrir à l'Autre, en toute sincérité, sans préjugé, qu'on essaye de le comprendre sans le juger, alors on comprend que l'essentiel réside dans le respect des Êtres humains, dans leurs similitudes et surtout dans leurs différences.

 

J'ai appris durant ce voyage que les vraies rencontres étaient des mets lourds à digérer, on les rumine durant des mois. Mais au final, elles apportent les forces qui permettent d'avancer.

De ce voyage qui se voulait humanitaire, je ne retiens que l'humanité. J'ai compris qu'en rangeant les populations exclues, bafouées, opprimées, de chez nous et d'ailleurs, dans les rangs des "pauvres gens", des misérables, miséreux et autres nécessiteux, on les abandonnait à la fatalité. Par là même, on s'abstient de les considérer vraiment comme nos semblables. Dès lors qu'on les écoute et qu'on les voit en tant que nos proches, leur sort nous devient insupportable et nous pousse à réagir pour affirmer que ces gens ont simplement le droit d'être Humain.

 

Ce que j'ai vécu en Inde, j'aurai pu le vivre n'importe où dans le Monde, même en France. Mais contrairement à ce qu'on pourrait penser, il est plus facile de rencontrer l'autre loin de chez soi, dissimulant son ignorance derrière la distance et les différences de culture. Près de chez soi, la proximité physique et culturelle nous donne l'illusion de mieux nous connaître. Mais les a priori envers nos propres voisins ne sont ils pas encore plus profondément ancrés ?

 

L'échange sincère et mutuel, l'écoute et la compréhension de l'Autre m'apparaissent aujourd'hui comme indispensables pour lutter contre les préjugés qui alimentent les incompréhensions, les sentiments de frustrations, d'injustice et la peur de l'Autre.

 

Alors allons-y, osons la rencontre avec l'autre !

 

Pollam doit vouloir dire "Allons - y" en Tamil (mais je n'en suis plus trop sûr).

 

Ces photos font l'objet d'une exposition.

bottom of page